Indila : interview de la révélation musicale 2014 n°1 des ventes
La révélation française de cette année, c'est elle ! Indila créé la sensation en ce début d'année 2014 avec son single « Dernière Danse » qui truste le sommet des charts français depuis plusieurs semaines. La chanteuse connue notamment pour ses featurings avec Youssoufa, TLF ou Rohff vole désormais de ses propres ailes. Avec l’aide de son époux, le producteur et réalisateur Skalpovitch, la jeune femme est en passe de devenir une artiste incontournable. Mini World, son premier album, est une vraie machine à tubes. Rencontre avec une artiste qui est là pour longtemps.
Vous avez commencé en écrivant pour les autres, puis en chantant avec pléthore d’artistes. Il était temps que vous vous occupiez de votre carrière personnelle ?
Ma vie est faite de musique, mon chemin, ce sont des notes et je déambule dedans. J’aime être libre dans mes choix. Je dis souvent que je suis une enfant du monde parce que j’ai en moi l’envie de détruire toutes les barrières, de détruire tout ce qui nous distingue. Non pas que je considère que nos différences soient une tare, au contraire, pour moi c’est un cadeau, mais j’aime parler de ce qui nous rassemble. Ce qu’il y a de plus important, ce n’est pas notre appartenance, notre obédience ou d’où l’on vient, il faut plus se concentrer sur ce que l’on raconte et sur l’histoire que l’on propose au public. J’ai préservé des rêves pendant longtemps et je me suis dit qu’il était temps aujourd’hui de les partager avec ceux qui aiment et vivent ma musique.
Vous vous rendez compte qu’il se passe quelque chose autour de vous en ce moment ?
En réalité, je ne réalise pas vraiment. On m’a dit que la vidéo approchait les 6 millions de vues. Pour moi, ça ne représente qu’un chiffre qui à l’air généreux, mais il n’y a rien de palpable dans tout ça. Je reste dans ma bulle, ce que j’appelle mon « mini world ». Je ne sors pas beaucoup, c’est une forme de protection. Je me complais dans la discrétion. Si j’avais pu composer tout un album, sortir mes musiques sans que l’on me voie nulle part, je l’aurais très bien vécu.
De quoi parle votre tube « Dernière danse » ?
Chacun prend ce qu’il veut de cette chanson. J’écris toujours de manière à ce qu’il y ait plusieurs lectures possibles. J’écris à la manière d’un miroir dans lequel j’insuffle des émotions de sorte que chacun puisse prendre ce qui le touche. J’ai commencé le texte de « Dernière danse » par une paronomase. Une paronomase, c’est quand on prononce un mot qui ressemble fortement à un autre. Douce souffrance est en fait un clin d’œil à Charles Trenet qui lui avait chanté Douce France. Et comme c’était le premier titre que je chantais dans la langue de Molière, j’ai voulu symboliquement rendre hommage à un de nos plus grands poètes français. Je voulais que cette chanson passe par tous les recoins, par toutes les ruelles, en dessous des ponts, qu’elle parle à toutes les générations, à tous les âges, à toutes les classes sociales.
Votre album peut justement toucher toutes les générations...
Quand j’ai écrit cet album, je n’avais aucune cible en tête. Ça m’enchante de voir que des enfants peuvent chanter ma chanson autant que leurs parents ou même leurs grands-parents. Je voulais tellement que mes chansons parlent à tout le monde…
Il est question d’amour, de voyage, du temps qui file, de liberté, du rêve d’un avenir meilleur.
Je traite ma réalité qui est aussi celle des autres. À un moment, n’importe qui a pu vivre ou vivra ce que je raconte dans mes chansons. Je raconte des instants qui m’ont touché, soit directement, soit avec un peu de distance. J’ai fait un album qui est à l’image de la vie.
Vous avez écrit et composé, Skalpovich a réalisé. C’est une petite équipe finalement.
Un binôme tout modeste. Avec Skalpovich, ce qu’il y a de sympa, c’est que j’ai cette liberté de travailler avec lui sans règles ou consignes particulières. Avec lui, on se parle en musique. Ça part d’une émotion et on regarde où ça nous mène. On se laisse porter. Je lui dis souvent « honore-moi ce que je t’apporte »… et il le fait toujours.
Vous avez toujours été à l’aise pour écrire des chansons ?
Non, avant cet album, j’avais du mal avec les mots. J’avais l’impression que mes mots enfermaient cette émotion que je voulais donner qui était trop grande pour moi. J’ai retrouvé ma liberté en chantant dans d’autres langues et même en brisant les mots pour ne laisser passer que le son et l’émotion. Aujourd’hui, j’ai trouvé mes mots à moi. Et j’ai donc pu m’attaquer à ce disque en français. Je suis née avec cet album, je n’existais pas avant. Tout
commence là.
Interview réalisée par François Alquier