Faith No More au Hellfest : interview pour l'album Sol Invictus

A ton arrivée dans Faith No More en 1996, qu'est ce qui a été le plus dure ?
Le plus difficile a été d'apprendre à jouer sur des grandes scènes. Avant Faith No More, le groupe dans lequel je jouais n'avait pas de disque, ne partait pas en tournée. On jouait près de chez nous en moyenne devant 10 ou 20 personnes. Mon dernier concert avec l'un de ses groupes a été devant même pas 10 personnes. J'ai enchaîné avec Faith No More devant des centaines de personnes. C'était nouveau et excitant.
Tu n'étais pas anxieux à l'idée de succèder à des guitaristes comme Jim Martin (guitariste de We Care A Lot, The Real Thing, Angel Dust) et Trey Spruance de Mister Bungle ?
J'étais conscient de ma position. Je rejoignais un groupe établi et respecté et je succédais à des guitares admirés et remarqués. Populaires. Je savais que cela n'allait pas être facile et que de nombreux fans seraient critiques désirant voir le guitariste de l'album qu'ils ont le plus aimé. Je l'ai toujours su.
As-tu un album préféré de Faith No More ?
On m'a déjà posé cette question et je ne sais jamais vraiment quoi répondre. Ils ont tous leur force et leur particularité. Je n'en ai pas un qui m'obsède plus que l'autre. D'ailleurs en live, tous les disques sont représentés à part le premier dont on ne joue qu'une ou deux chansons. Rejouer ce qu'ont écrit Jim et Trey est fort enrichissant.
Personne ne savait que vous prépariez un nouvel album. C'était votre volonté de travailler dans le plus grand secret ?
Oui. Ce n'était même pas une décision que l'on a prise ensemble. On en a juste pas parler autour de nous. On savait que c'était dans notre intérêt de ne pas s'en vanter avant d'avoir quelque chose de concret. Je n'en ai jamais parlé. Sauf à ma femme. J'ai été obligé de le lui dire sinon elle se serait demandé ce que je faisais de mes journées (rires). Mais nos amis ne le savaient pas. Cela est resté secret jusqu'à il y a quelques mois.
Les fans sont souvent déçus quant aux albums de reformation. Vous avez conscience de ce challenge ?
Absolument. Les fans rêvent que les groupes de reforment, poussent à ce que de nos nouvelles chansons soient écrites. Puis souvent quand les disques sortent, ils regrettent que leurs groupes fétiches se soient reformés (rires). On ne peut pas leur reprocher. Les reformations ne sont pas toujours bonnes. Mais notre reformation n'avait pas d'objectif autre, il y a six ans, que celui de jouer. Nous n'avions pas d'autres plans. Aucun album n'était prévu. En ce qui concerne ce disque, si l'on avait trouvé le résultat médiocre, on ne l'aurait pas sorti. Et personne n'aurait su que l'on avait tenté de faire un nouvel album. On ne voulait pas sortir un disque pour sortir un disque. Comme on avait du temps et aucune pression, on a travaillé sur beaucoup d'idées différentes. Certaines ne sont pas sur le disque. On avait vraiment le choix. On espère que les gens l'aimeront. On en est fier en tout cas.
Qu'as tu fait pendant le break de Faith No More ?
J'ai arrêté la musique. Je n'en avais pas forcément envie mais… Quand le groupe s'est séparé, j'ai commencé à travailler sur des idées avec l'envie de recruter des musiciens que je connaissais. Mais je ne me voyais pas reprendre de zéro. Ce n'était pas non plus vital pour moi de continuer à jouer. J'avais connu une expérience si géniale avec Faith No More pendant quelques années, que je me disais qu'il fallait tourner la page. Je n'avais pas de regret. Il faut savoir avancer. Quand le groupe s'est reformé, j'étais heureux mais ce n'était pas quelque chose que j'espérais.
As-tu le sentiment que plus que jamais Faith No More est un groupe à part dans la scène actuelle ?
On n'y pense pas vraiment. Nous sommes juste nous. C'est une bonne chose. Ce groupe a assez de vécu pour ne suivre aucune tendance à la mode. On peut vraiment aller où bon nous semble.
Avez-vous un rituel avant de monter sur scène ?
Je cherche la bouteille l'aspirine pour mes douleurs (rires). Non en fait. On a rien de la légende du rock. Je joue juste ma guitare pendant dix minutes. Mais il est toujours temps de changer.
Le groupe avait cherché à renouer avec Jim Martin avant de penser à toi lors de la reformation ?
Oui. Il voulait rejouer avec leur premier guitariste, ce que je comprends. Les albums avec Jim ont construit le son et l'univers Faith No More. Mais je crois qu'il ne les a jamais rappelés. Tant mieux pour moi (rires).
Faith No More a été accusé d'avoir créer le neo metal.